JCP – Pantin – 16 dĂ©cembre 2022


Date de la décision : 16/12/2022
Juridiction : Tribunal de Proximité de Pantin
Numéro RG : 12-22-000143
Catégorie : Procédures d'expulsion > Squat d'activité > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Délais supplémentaires - "Renouvelables"
Procédures d'expulsion > Squat d'activité > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Procédures particuliÚres > Gestion "amiable" (mesure de conciliation, homologation, transaction)
Procédures d'expulsion > Squat d'activité > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > S'ajouter dans une procédure - Intervention volontaire
ProcĂ©dures d'expulsion > Squat d'activitĂ© > Le propriĂ©taire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > TrĂȘve hivernale
Procédures d'expulsion > Squat d'activité > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Voie de fait
Mots clĂ©s : activitĂ© conciliation convention convention d'occupation dĂ©lais de grĂące JCP juge contentieux protection juge du contentieux et de la protection public publique trĂȘve hivernale voie de fait


Procédure : expulsion devant le juge des contentieux et la protection (JCP)

Demandeur / défendeur : défendeurs

Composition des habitants : 19 personnes seules

Propriétaire : public (EPFIF)

Constat d’huissier : 19 mai 2022

Date d’assignation : 24 aoĂ»t 2022

Audience devant le JCP : 28 octobre 2022

Rendu de la décision : 16 décembre 2022

Résumé de la décision :
La voie de fait n’est pas dĂ©montrĂ©e (« En l’espĂšce, le demandeur ne dĂ©montre pas un quelconque forçage des lieux par les dĂ©fendeurs. Il ressort de ses propres Ă©critures que les locaux sont dĂ©saffectĂ©s. »).

Les habitants ont amĂ©nagĂ© les locaux pour y organiser des projets sociaux et culturels et occupent les lieux « paisiblement ». Cela est appuyĂ© par la demande des habitants de faire appel Ă  un conciliateur pour dĂ©gager une issue amiable avec le propriĂ©taire. Enfin, le propriĂ©taire n’a pas de projet pour le site : « Le site ne sera pas utilisĂ© jusqu’à ce qu’un certain taux de commercialitĂ© soit atteint. »

"En l'espÚce, il a précédemment été établi que l'introduction dans les lieux ne s'est pas effectuée par voie de fait, aucune dégradation ou effraction n'étant démontrée.


Les défendeurs et intervenants occupent paisiblement les lieux et les ont aménagés pour organiser des projets sociaux et culturels, ne causant pas d'autre trouble que celui déjà sanctionné par l'expulsion."


Pour toutes ces raisons, la juge accorde les deux mois de dĂ©lais lĂ©gal et la trĂȘve hivernale, mais surtout 21 mois de dĂ©lais complĂ©mentaires, soit jusqu’au 31 mars 2025 !!

Elle invite Ă©galement les habitants et le propriĂ©taire Ă  rencontrer un conciliateur de justice en vue d’une convention d’occupation prĂ©caire.
Convention :
La convention est un accord entre la personne propriĂ©taire d'un batiment occupĂ© (personne physique ou morale) et les occupantes du bĂątiment. Cet accord peut se faire Ă©galement avec une association qui accompagne la convention et assure le respect des rĂšgles du conventionnement et ainsi se porte garant pour la sortie des occupantes Ă  la fin du conventionnement. La personne morale ou physique garantie que le lieu occupĂ© ne subit pas de dĂ©gats (ils assurent le lieu). La convention peut intĂ©grer des rĂšgles ou des conditions pour l'occupation et peut ĂȘtre renouvelĂ©e. La valeur juridique de la convention ne dĂ©passe aucun cas les dĂ©cisions judiciaires. 

Dégradations :
Le fait de dĂ©tĂ©riorer de façon volontaire ou non un bien. La peine encourue augmente si le bien est protĂ©gĂ© (classĂ© au patrimoine par exemple). 

Délai de grùce :
Un dĂ©lai de grĂące est une pĂ©riode dĂ©finie donnĂ©e par une juge afin d'accorder plus de temps Ă  l'occupant du logement en vue de le libĂ©rer intĂ©gralement. Il est dĂ©terminĂ© par l'article 412-3 du Code de procĂ©dure civile. 
Ce dĂ©lai fait suite Ă  la remise du commandement Ă  quitter les lieux. Dans un dĂ©lai de deux mois, on peut saisir le juge par voie de requĂȘte ou d'assignation pour demander un dĂ©lai supplĂ©mentaire, de 1 mois Ă  1 ans. 
A noter :  la saisine du juge ne suspend pas la procĂ©dure d’expulsion.

Entrée par voie de fait :
L'entrĂ©e par voie de fait est le fait d'entrer dans un bĂątiment de façon illĂ©gale. Hormis si la porte Ă©tait ouverte, quasiment toute autre façon d'entrer peut tomber sous le coup de cette appellation. Lors d'un jugement pour squat, la preuve de la voie de fait est Ă  apporter par le propriĂ©taire. 

TrĂȘve hivernale :
La trĂȘve hivernale couvre la pĂ©riode du 1er novembre au 31 mars de l'annĂ©e suivante. Durant cette pĂ©riode, les expulsions locatives ne peuvent pas avoir lieu. Cette trĂȘve ne s'applique pas aux squatteur.euse.s pour lesquel.le.s la voie de fait a Ă©tĂ© retenue. 

Tribunal Judiciaire (TJ) :
Pour les procédures civiles et pénales : concerne tous les tribunaux en premiÚre instance (premier jugement). [Il regroupe les anciens Tribunaux d'Instance et de Grande Instance].

Au sein du TJ, il existe plusieurs chambres spécialisées (différents spécialisation de tribunaux) :
  • ProcĂ©dure civile (c'est a dire lorsque le propriĂ©taire du batiment n'en fait pas un usage public) Cela comprend :
    • TRIBUNAL DE PROXIMITE / JUDICIAIRE : en tant que squatteur.euse, tu es gĂ©nĂ©ralement confrontĂ© au Juge du Contentieux et de la Protection (JCP).
    • JEX(Juge de l'exĂ©cution (juge spĂ©cialisĂ© au sein du TJ) juridiction particuliĂšre Ă  saisir aprĂšs une dĂ©cision judiciaire qui a aboutit sur un commandement de quitter les lieux. Il sert Ă  demander des dĂ©lais dans l'execution de la peine. Dans le cadre du squat c'est ce qui peut nous permettre de gagner des dĂ©lais avant l'expulsion, en fonction de la situation personnelle des habitant.es (prĂ©caritĂ©, prĂ©sence d'enfants inscrits Ă  l'Ă©cole, maladie, absence de solution de relogements...). Il ne peut pas revenir sur l'expulsion, mais seulement sur le moment de son execution.

  • ProcĂ©dure pĂ©nale
    • TRIBUNAL CORRECTIONNEL : concerne les dĂ©lits et crimes
    • TRIBUNAL DE POLICE (pour les procĂ©dures pĂ©nales) : concerne les contraventions jusqu'Ă  3000 euros (dĂ©gradation d'un bien par exemple).

Voie de fait :
En droit civil et en droit administratif, la “voie de fait” dĂ©signe un acte illĂ©gal portant atteinte aux droits de la personne ou aux libertĂ©s fondamentales. Dans notre cas, il s'agit de porter atteinte au droit de propriĂ©tĂ© qui a Ă©tĂ© revalorisĂ© par la loi Kasbarian. 
 
Si tu es occupant.e, tu peux ĂȘtre accusĂ©.e par dĂ©faut des dĂ©gradations qui ont permi de rentrer dans le batiment (c’est l’entrĂ©e par voie de fait) mĂȘme si rien ne prouve que c'est toi qui les a commises : effraction, vitre cassĂ©e, changement de serrure...

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