CA - Paris - 2 Juillet 2020 - "Ménil"


Date de la décision : 02/07/2020
Juridiction : Cour d'Appel de Paris
Numéro RG : 19/21883
Catégorie : Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne physique (particulier) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Délais supplémentaires - "Renouvelables"
ProcĂ©dures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriĂ©taire est une personne physique (particulier) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > TrĂȘve hivernale
Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne physique (particulier) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Voie de fait
Mots clés : Cour d'appel dégradation dégradations délai délais de grùce enfant enfants habitation hébergement mineur mineurs physique privé relogement voie de fait


Procédure : Appel de la décision de premiÚre instance par les habitant-es
RG : 19/21883
Demandeur / défendeur : Demandeur
Date d'ouverture : novembre 2018
Date de l'ordonnance de premiĂšre instance : 18 septembre 2019
Pourvoi de la décision : Non
Propriétaire : Privé
Composition des habitant-es : 1 famille, 2 personnes seules et 1 femme seule avec enfant, présence d'enfants mineurs scolarisés.

RĂ©sumĂ© de la dĂ©cision : La Cour d'Appel confirme la dĂ©cision de premiĂšre instance qui accorde le dĂ©lai lĂ©gal du commandement de quitter les lieux de l'article L-412-1, un dĂ©lai de 6 mois complĂ©mentaire de l'article L-412-3 ainsi que la trĂȘve hivernale de l'article L-412-6. Malheureusement, pas de dĂ©lais en + par rapport Ă  la premiĂšre dĂ©cision...

1) Sur la voie de fait :
"C’est en effet Ă  juste titre que les appelants rappellent que la voie de fait doit ĂȘtre caractĂ©risĂ©e par des dĂ©gradations manifestes, clairement imputables aux occupants des logements dont s’agit."

2 ) Sur l'obtention des délais supplémentaires :
"Concernant, en second lieu, le dĂ©lai de six mois accordĂ© par le premier juge en application de l’article L. 412-3 du code des procĂ©dures civiles d’exĂ©cution, il faut relever :
 - que les occupants justifient des difficultĂ©s pour se reloger en rĂ©gion parisienne dans des conditions normales, versant notamment aux dĂ©bats des demandes de logement social toujours en cours (piĂšces 31, 35, 53, 54, 66, 67, 75, 82) et rappelant Ă  juste titre les difficultĂ©s du secteur de l’hĂ©bergement d’urgence ;
 - qu’une expulsion sans dĂ©lai aurait des consĂ©quences humaines disproportionnĂ©es, compte tenu notamment de la prĂ©sence de quatre enfants, qui ont entre 3 et 15 ans, dans les logements litigieux."
Commandement de quitter les lieux :
Suite Ă  ton procĂšs, le juge a Ă©tabli une date Ă  partir de laquelle tu deviens expulsable (« une date d’expulsabilitĂ© »). A la suite de cette dĂ©cision, tu devrais recevoir un commandement de quitter les lieux, qui donne gĂ©nĂ©ralement un dĂ©lai de 2 mois pendant lesquels tu ne peux pas ĂȘtre expulsĂ©.e. Parfois, ce document arrive dans la semaine qui suit la dĂ©cision du juge, parfois plus tardivement.

Comme l'assignation, l’huissier.e passe au squat pour remettre le document en main propre, si tu es abent.e, tu devras aller chercher ce document directement Ă  son Ă©tude.

-A NE PAS CONFONDRE AVEC LA SOMMATION DE QUITTER LES LIEUX- : le commandement est une information sérieuse, contrairement à la sommation


Cour d'Appel (CA) :
La cour d’appel est une juridiction qui permet de demander Ă  ce qu’une affaire soit rejugĂ©e. Tu peux faire appel si toi, ou la personne contre qui tu Ă©tais en procĂšs, vous n’ĂȘtes pas d’accord avec la dĂ©cision de la juge de premiĂšre instance. La cour rend un « arrĂȘt », qui peut confirmer ou non la premiĂšre dĂ©cision, ou n’en confirmer qu’une partie, c’est qu’elle appelle “rĂ©former”  . AprĂšs un arrĂȘt de la cour d’appel, il reste une Ă©tape si on est toujours en dĂ©saccord (et qu’on peut payer) la cour de cassation. 
La cour d’appel n’est pas compĂ©tente pour les affaires administratives, pour cela il faut passer par la cour adminsitrative d’appel. Elle statue uniquement sur les affaires pĂ©nales et civiles. 
Il y a actuellement trente-six cours d'appel en France.

Délai de grùce :
Un dĂ©lai de grĂące est une pĂ©riode dĂ©finie donnĂ©e par une juge afin d'accorder plus de temps Ă  l'occupant du logement en vue de le libĂ©rer intĂ©gralement. Il est dĂ©terminĂ© par l'article 412-3 du Code de procĂ©dure civile. 
Ce dĂ©lai fait suite Ă  la remise du commandement Ă  quitter les lieux. Dans un dĂ©lai de deux mois, on peut saisir le juge par voie de requĂȘte ou d'assignation pour demander un dĂ©lai supplĂ©mentaire, de 1 mois Ă  1 ans. 
A noter :  la saisine du juge ne suspend pas la procĂ©dure d’expulsion.

Entrée par voie de fait :
L'entrĂ©e par voie de fait est le fait d'entrer dans un bĂątiment de façon illĂ©gale. Hormis si la porte Ă©tait ouverte, quasiment toute autre façon d'entrer peut tomber sous le coup de cette appellation. Lors d'un jugement pour squat, la preuve de la voie de fait est Ă  apporter par le propriĂ©taire. 

PremiĂšre instance :
Quand tu vas passer en procÚs, il y a plusieurs étapes.
Lorsqu'il n'y a pas eu encore de dĂ©cision de justice, on parle de premiĂšre instance, c'est le premier procĂšs. C'est lui qui va produire la premiĂšre dĂ©cision de justice. Les audiences peuvent ĂȘtre renvoyĂ©es plusieurs fois (pour ça on trouve des pretextes comme ne pas avoir eu sa rĂ©ponse de demande d’AJ, ou prĂ©senter de nouveaux noms sur la procĂ©dure...), c'est d'ailleurs une stratĂ©gie qui permet parfois de gagner du temps. La premiĂšre instance s'arrĂȘte aprĂšs le dĂ©libĂ©rĂ©, et une fois que une dĂ©cision de justice est rendue. 

TrĂȘve hivernale :
La trĂȘve hivernale couvre la pĂ©riode du 1er novembre au 31 mars de l'annĂ©e suivante. Durant cette pĂ©riode, les expulsions locatives ne peuvent pas avoir lieu. Cette trĂȘve ne s'applique pas aux squatteur.euse.s pour lesquel.le.s la voie de fait a Ă©tĂ© retenue. 

Voie de fait :
En droit civil et en droit administratif, la “voie de fait” dĂ©signe un acte illĂ©gal portant atteinte aux droits de la personne ou aux libertĂ©s fondamentales. Dans notre cas, il s'agit de porter atteinte au droit de propriĂ©tĂ© qui a Ă©tĂ© revalorisĂ© par la loi Kasbarian. 
 
Si tu es occupant.e, tu peux ĂȘtre accusĂ©.e par dĂ©faut des dĂ©gradations qui ont permi de rentrer dans le batiment (c’est l’entrĂ©e par voie de fait) mĂȘme si rien ne prouve que c'est toi qui les a commises : effraction, vitre cassĂ©e, changement de serrure...

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