JCP – Toulouse – 3 juillet 2020


Date de la décision : 03/07/2020
Juridiction : Tribunal Judiciaire de Toulouse
Numéro RG : 20/00013
Catégorie : Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Délais supplémentaires - "Renouvelables"
Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > S'ajouter dans une procédure - Intervention volontaire
ProcĂ©dures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriĂ©taire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > TrĂȘve hivernale
Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Voie de fait
Mots clĂ©s : dĂ©gradation dĂ©gradations dĂ©lais de grĂące JCP trĂȘve hivernale voie de fait


ProcĂ©dure : demande d’expulsion devant le JCP de Toulouse

Demandeur/défendeur : défendeur
Composition des habitants : plusieurs familles
Propriétaire : CDC Habitat Social (hlm)

Constat d’occupation par l’huissier : 12 novembre 2019
Assignation : 28 décembre 2019

Audience : 12 juin 2020 (plusieurs reports dĂ» au covid)


Résumé de la décision :
Le juge accorde la trĂȘve hivernale et le dĂ©lais lĂ©gal de 2 mois Ă  compter du commandement de quitter les lieux car la voie de fait ne peut pas ĂȘtre imputĂ©e aux habitants et qu’il n’y a pas de dĂ©gradations.

    « Si le sursis hivernal prĂ©vu Ă  l’article L 412-6 n’est pas applicable Ă  un occupant entrĂ© dans les lieux par voie de fait, il ne rĂ©sulte pas des piĂšces que les dĂ©fendeurs soient, de maniĂšre Ă©tablie, les auteurs de dĂ©gradations dĂšs lors de leur pĂ©nĂ©tration le logement.
    L’huissier n’a pas constatĂ© de dĂ©gradations et n’a, au demeurant, pas interrogĂ© les occupants, se contentant de relever les noms mentionnĂ©s sur le tableau des occupants.
    Il n’est donc pas dĂ©montrĂ© une voie de fait et il n’y a pas lieu Ă  suppression du dĂ©lais hivernal.
    Par le mĂȘme motif, et alors qu’il a Ă©tĂ© indiquĂ© que les occupants Ă©taient chargĂ©s de famille, ce qui n’est pas contestĂ© et ressort des piĂšces, il n’y a pas lieu Ă  suppression du dĂ©lai prĂ©alable Ă  l’expulsion.
»

Le juge compare la situation des habitantes (demande de relogement, état de santé, bénévolat
) et celle du propriétaire (bailleur social) et accorde 3 mois de délais complémentaires !

Commandement de quitter les lieux :
Suite Ă  ton procĂšs, le juge a Ă©tabli une date Ă  partir de laquelle tu deviens expulsable (« une date d’expulsabilitĂ© »). A la suite de cette dĂ©cision, tu devrais recevoir un commandement de quitter les lieux, qui donne gĂ©nĂ©ralement un dĂ©lai de 2 mois pendant lesquels tu ne peux pas ĂȘtre expulsĂ©.e. Parfois, ce document arrive dans la semaine qui suit la dĂ©cision du juge, parfois plus tardivement.

Comme l'assignation, l’huissier.e passe au squat pour remettre le document en main propre, si tu es abent.e, tu devras aller chercher ce document directement Ă  son Ă©tude.

-A NE PAS CONFONDRE AVEC LA SOMMATION DE QUITTER LES LIEUX- : le commandement est une information sérieuse, contrairement à la sommation


Délai de grùce :
Un dĂ©lai de grĂące est une pĂ©riode dĂ©finie donnĂ©e par une juge afin d'accorder plus de temps Ă  l'occupant du logement en vue de le libĂ©rer intĂ©gralement. Il est dĂ©terminĂ© par l'article 412-3 du Code de procĂ©dure civile. 
Ce dĂ©lai fait suite Ă  la remise du commandement Ă  quitter les lieux. Dans un dĂ©lai de deux mois, on peut saisir le juge par voie de requĂȘte ou d'assignation pour demander un dĂ©lai supplĂ©mentaire, de 1 mois Ă  1 ans. 
A noter :  la saisine du juge ne suspend pas la procĂ©dure d’expulsion.

Juge des Contentieux de la Protection (JCP) :
Le JCP est le Juge des Contentieux de la Protection. Il siĂšge au tribunal judiciaire ou au tribunal de proximitĂ©, anciennement tribunal d'instance. Il est en charge, entres autres, des affaires d'expulsion. Il statue dans le pĂ©rimĂštre gĂ©ographique qui lui est attribuĂ©. 

TrĂȘve hivernale :
La trĂȘve hivernale couvre la pĂ©riode du 1er novembre au 31 mars de l'annĂ©e suivante. Durant cette pĂ©riode, les expulsions locatives ne peuvent pas avoir lieu. Cette trĂȘve ne s'applique pas aux squatteur.euse.s pour lesquel.le.s la voie de fait a Ă©tĂ© retenue. 

Tribunal Judiciaire (TJ) :
Pour les procédures civiles et pénales : concerne tous les tribunaux en premiÚre instance (premier jugement). [Il regroupe les anciens Tribunaux d'Instance et de Grande Instance].

Au sein du TJ, il existe plusieurs chambres spécialisées (différents spécialisation de tribunaux) :
  • ProcĂ©dure civile (c'est a dire lorsque le propriĂ©taire du batiment n'en fait pas un usage public) Cela comprend :
    • TRIBUNAL DE PROXIMITE / JUDICIAIRE : en tant que squatteur.euse, tu es gĂ©nĂ©ralement confrontĂ© au Juge du Contentieux et de la Protection (JCP).
    • JEX(Juge de l'exĂ©cution (juge spĂ©cialisĂ© au sein du TJ) juridiction particuliĂšre Ă  saisir aprĂšs une dĂ©cision judiciaire qui a aboutit sur un commandement de quitter les lieux. Il sert Ă  demander des dĂ©lais dans l'execution de la peine. Dans le cadre du squat c'est ce qui peut nous permettre de gagner des dĂ©lais avant l'expulsion, en fonction de la situation personnelle des habitant.es (prĂ©caritĂ©, prĂ©sence d'enfants inscrits Ă  l'Ă©cole, maladie, absence de solution de relogements...). Il ne peut pas revenir sur l'expulsion, mais seulement sur le moment de son execution.

  • ProcĂ©dure pĂ©nale
    • TRIBUNAL CORRECTIONNEL : concerne les dĂ©lits et crimes
    • TRIBUNAL DE POLICE (pour les procĂ©dures pĂ©nales) : concerne les contraventions jusqu'Ă  3000 euros (dĂ©gradation d'un bien par exemple).

Voie de fait :
En droit civil et en droit administratif, la “voie de fait” dĂ©signe un acte illĂ©gal portant atteinte aux droits de la personne ou aux libertĂ©s fondamentales. Dans notre cas, il s'agit de porter atteinte au droit de propriĂ©tĂ© qui a Ă©tĂ© revalorisĂ© par la loi Kasbarian. 
 
Si tu es occupant.e, tu peux ĂȘtre accusĂ©.e par dĂ©faut des dĂ©gradations qui ont permi de rentrer dans le batiment (c’est l’entrĂ©e par voie de fait) mĂȘme si rien ne prouve que c'est toi qui les a commises : effraction, vitre cassĂ©e, changement de serrure...

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