JCP - Lisieux - 29 novembre 2024 - RG 24/00357


Date de la décision : 29/11/2024
Juridiction : Tribunal Judiciaire, JCP de Lisieux
Numéro RG : 24/00357
Catégorie : Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Délais supplémentaires - "Renouvelables"
Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Voie de fait
Mots clĂ©s : dĂ©lai dĂ©lais de grĂące enfant enfants habitation JCP morale trĂȘve hivernale voie de fait


Procédure : Ordonnance de JCP de Lisieux (proche de Caen)

Demandeur / Défendeur : Défendeur

Date d’ouverture du lieu : Fin octobre 2024

Date d'assignation en référé heure à heure : 22 novembre 2024

Audience du JCP : 25 novembre 2024

Appel de la décision : ?

Propriétaire : Syndicat copropriétaires d'un EHPAD

Contexte de l’ouverture : Plusieurs familles avec enfants (une 20aine d'enfants scolarirĂ©s), un ancien EHPAD

RĂ©sumĂ© de la dĂ©cision : Le juge accorde le dĂ©lai lĂ©gal de deux mois (412-1), la trĂȘve hivernale (412-6) ainsi qu'un dĂ©lai complĂ©mentaire jusqu'au 31 juillet 2025 inclus.

Sur la voie de fait :

"Il est de droit constant que la seule occupation illicite dĂšs l’origine ne constitue pas, en elle- mĂȘme, une voie de fait.

(...)

Le second de ces procĂšs-verbaux atteste que des clĂ©s remises au commissaire de justice par les requĂ©rants ne permettent pas d’ouvrir l’une des portes d’accĂšs Ă  l’immeuble. Toutefois, en l’absence de tout autre Ă©lĂ©ment, notamment quant Ă  l’origine exacte de ces clĂ©s et aux circonstances de l’éventuel changement de serrures, l’existence d’une voie de fait demeure incertaine – et ce d’autant plus qu’aucune trace positive d’effraction n’est rapportĂ©e."

Rappel du juge que la voie de fait doit s'apprécier lors de l'introduction pour supprimer le délai légal de deux mois et non pour le maintien (et au passage qu'un raccordement électrique n'est pas une voie de fait...)

"En outre, le raccordement prĂ©caire au tableau Ă©lectrique, Ă  le supposer constitutif d’une voie de fait, est nĂ©cessairement postĂ©rieur Ă  l’introduction dans l’immeuble ; il ne saurait dĂšs lors ĂȘtre regardĂ© comme un moyen de cette introduction."

Sur les dĂ©lais complĂ©mentaires, le juge s'appuie sur : 

"Il est en l'espĂšce constant que la situation administrative des dĂ©fendeurs les prive de toute possibilitĂ© de relogement dans un contexte de pĂ©nurie des places d’hĂ©bergement d’urgence, de sorte qu’il ne saurait leur ĂȘtre reprochĂ© de ne pas avoir dĂ©posĂ© de dossier administratif en ce sens, cette dĂ©marche Ă©tant Ă  l'Ă©vidence vouĂ©e Ă  l’échec.

Pour l’application de ces textes (ndlr L.412-3 et 4), il revient Ă  la juridiction d’opĂ©rer un contrĂŽle de proportionnalitĂ© pour concilier les droits fondamentaux concurrents en prĂ©sence, Ă  savoir :
‱ d’une part, le droit de propriĂ©tĂ© des demandeurs (article 2 de la dĂ©claration des droits de l’Homme et du citoyen ; C. const., 16 janvier 1982, n° 81-132 DC) et
‱ d’autre part, le droit au logement et Ă  la vie privĂ©e des dĂ©fendeurs (article 2 de la dĂ©claration des droits de l’Homme et du citoyen ; C. const., 25 mars 2014, n° 2014- 693 DC) et la sauvegarde des intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs de leurs enfants mineurs (Conventioninternationale des droits de l’enfant du 20 novembre 1989)."

Délai de grùce :
Un dĂ©lai de grĂące est une pĂ©riode dĂ©finie donnĂ©e par une juge afin d'accorder plus de temps Ă  l'occupant du logement en vue de le libĂ©rer intĂ©gralement. Il est dĂ©terminĂ© par l'article 412-3 du Code de procĂ©dure civile. 
Ce dĂ©lai fait suite Ă  la remise du commandement Ă  quitter les lieux. Dans un dĂ©lai de deux mois, on peut saisir le juge par voie de requĂȘte ou d'assignation pour demander un dĂ©lai supplĂ©mentaire, de 1 mois Ă  1 ans. 
A noter :  la saisine du juge ne suspend pas la procĂ©dure d’expulsion.

Juge des Contentieux de la Protection (JCP) :
Le JCP est le Juge des Contentieux de la Protection. Il siĂšge au tribunal judiciaire ou au tribunal de proximitĂ©, anciennement tribunal d'instance. Il est en charge, entres autres, des affaires d'expulsion. Il statue dans le pĂ©rimĂštre gĂ©ographique qui lui est attribuĂ©. 

Maintien :
Action de rester dans les lieux aprĂšs une dĂ©cision de justice demandant le dĂ©part d'une personne. 

TrĂȘve hivernale :
La trĂȘve hivernale couvre la pĂ©riode du 1er novembre au 31 mars de l'annĂ©e suivante. Durant cette pĂ©riode, les expulsions locatives ne peuvent pas avoir lieu. Cette trĂȘve ne s'applique pas aux squatteur.euse.s pour lesquel.le.s la voie de fait a Ă©tĂ© retenue. 

Tribunal Judiciaire (TJ) :
Pour les procédures civiles et pénales : concerne tous les tribunaux en premiÚre instance (premier jugement). [Il regroupe les anciens Tribunaux d'Instance et de Grande Instance].

Au sein du TJ, il existe plusieurs chambres spécialisées (différents spécialisation de tribunaux) :
  • ProcĂ©dure civile (c'est a dire lorsque le propriĂ©taire du batiment n'en fait pas un usage public) Cela comprend :
    • TRIBUNAL DE PROXIMITE / JUDICIAIRE : en tant que squatteur.euse, tu es gĂ©nĂ©ralement confrontĂ© au Juge du Contentieux et de la Protection (JCP).
    • JEX(Juge de l'exĂ©cution (juge spĂ©cialisĂ© au sein du TJ) juridiction particuliĂšre Ă  saisir aprĂšs une dĂ©cision judiciaire qui a aboutit sur un commandement de quitter les lieux. Il sert Ă  demander des dĂ©lais dans l'execution de la peine. Dans le cadre du squat c'est ce qui peut nous permettre de gagner des dĂ©lais avant l'expulsion, en fonction de la situation personnelle des habitant.es (prĂ©caritĂ©, prĂ©sence d'enfants inscrits Ă  l'Ă©cole, maladie, absence de solution de relogements...). Il ne peut pas revenir sur l'expulsion, mais seulement sur le moment de son execution.

  • ProcĂ©dure pĂ©nale
    • TRIBUNAL CORRECTIONNEL : concerne les dĂ©lits et crimes
    • TRIBUNAL DE POLICE (pour les procĂ©dures pĂ©nales) : concerne les contraventions jusqu'Ă  3000 euros (dĂ©gradation d'un bien par exemple).

Voie de fait :
En droit civil et en droit administratif, la “voie de fait” dĂ©signe un acte illĂ©gal portant atteinte aux droits de la personne ou aux libertĂ©s fondamentales. Dans notre cas, il s'agit de porter atteinte au droit de propriĂ©tĂ© qui a Ă©tĂ© revalorisĂ© par la loi Kasbarian. 
 
Si tu es occupant.e, tu peux ĂȘtre accusĂ©.e par dĂ©faut des dĂ©gradations qui ont permi de rentrer dans le batiment (c’est l’entrĂ©e par voie de fait) mĂȘme si rien ne prouve que c'est toi qui les a commises : effraction, vitre cassĂ©e, changement de serrure...

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