TA - Toulouse - 29 Octobre 2021 - N°2106198


Date de la décision : 29/10/2021
Juridiction : Tribunal Administratif de Toulouse
Numéro RG : 2106198
Catégorie : Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Procédures particuliÚres > Suspension du concours de la force publique - Référé au Tribunal Administratif
Mots clés : enfant enfants expulsion force publique habitation morale préfecture public publique référé suspension Tribunal administratif


Procédure : Recours contre le concours de la force publique devant le juge des référés du Tribunal Administratif de Toulouse. Procédure contre la préfecture de Haute Garonne.

Demandeur / Défendeur : Demandeur

Date d’ouverture du lieu : Septembre 2020

Date de l'ordonnance d'expulsion JCP : 23 avril 2021

Notification du commandement de quitter les lieux : 11 mai 2021 (5 mois de délais, expulsion à partir du 11 octobre 2021)

DépÎt du référé liberté : 25 octobre 2021

Audience du référé : 28 octobre 2021

Propriétaire : Mairie de Toulouse

Contexte de l’ouverture : Deux familles avec enfants.

RĂ©sumĂ© de la dĂ©cision : La juge suspend le concours de la force publique (et donc l'expulsion !!!) jusqu'Ă  ce qu'un hĂ©bergement soit proposĂ© Ă  une des deux familles. Malheureusement, le squat sera expulsĂ© juste avant la trĂȘve hivernale de 2024, la prĂ©fecture ayant donnĂ© 3 nuits d'hĂŽtel Ă  la famille...

La préfecture ne répond pas contre le référé liberté : du coup l'attestation sur l'honneur d'une personne qui a contacté l'huissier (qui lui a confirmé l'accord du concours de la force publique par la préfecture ainsi que l'imminence de l'expulsion) fait foi.

"En l’absence d’observations contraires du prĂ©fet de la Haute-Garonne, l’allĂ©gation des requĂ©rants selon laquelle il aurait pris une dĂ©cision accordant le concours de la force publique en vue de leur expulsion de la maison qu’ils occupent illĂ©galement doit ĂȘtre regardĂ©e comme
Ă©tablie. Les piĂšces produites par la commune ne permettent pas, en l’état de l’instruction, de tenir cette dĂ©cision pour inexistante. La fin de non-recevoir opposĂ©e par la commune pour ce motif doit ainsi ĂȘtre Ă©cartĂ©e."


Sur l'atteinte à une liberté fondamentale, ici la dignité : la juge estime qu'il existe une circonstance nouvelle suite à la décision d'expulsion du JCP : la grossesse d'une habitante. Cela justifie la suspension du concours de la force publique et donc l'expulsion.

"(...) La grossesse de l’intĂ©ressĂ©e, postĂ©rieure Ă  l’ordonnance du 23 avril 2021 ordonnant son expulsion, et alors que les piĂšces produites attestent de l’échec des multiples dĂ©marches engagĂ©es en vue de trouver un hĂ©bergement avant l’expiration du dĂ©lai fixĂ© par le juge du contentieux de la protection, constitue une circonstance nouvelle qui est de nature Ă  porter atteinte Ă  la dignitĂ© de Mme X et de sa fille mineure. Par suite, il y a lieu de suspendre la dĂ©cision du prĂ©fet accordant le concours de la force publique Ă  leur expulsion jusqu’à ce qu’une solution d’hĂ©bergement leur soit proposĂ©e."

Commandement de quitter les lieux :
Suite Ă  ton procĂšs, le juge a Ă©tabli une date Ă  partir de laquelle tu deviens expulsable (« une date d’expulsabilitĂ© »). A la suite de cette dĂ©cision, tu devrais recevoir un commandement de quitter les lieux, qui donne gĂ©nĂ©ralement un dĂ©lai de 2 mois pendant lesquels tu ne peux pas ĂȘtre expulsĂ©.e. Parfois, ce document arrive dans la semaine qui suit la dĂ©cision du juge, parfois plus tardivement.

Comme l'assignation, l’huissier.e passe au squat pour remettre le document en main propre, si tu es abent.e, tu devras aller chercher ce document directement Ă  son Ă©tude.

-A NE PAS CONFONDRE AVEC LA SOMMATION DE QUITTER LES LIEUX- : le commandement est une information sérieuse, contrairement à la sommation


Juge des Contentieux de la Protection (JCP) :
Le JCP est le Juge des Contentieux de la Protection. Il siĂšge au tribunal judiciaire ou au tribunal de proximitĂ©, anciennement tribunal d'instance. Il est en charge, entres autres, des affaires d'expulsion. Il statue dans le pĂ©rimĂštre gĂ©ographique qui lui est attribuĂ©. 

Référé :
La procĂ©dure de rĂ©fĂ©rĂ© est une procĂ©dure d'urgence visant Ă  prĂ©venir un dommage ou faire cesser un trouble illicite. On demande Ă  la juge de statuer plus rapidement que dans une procĂ©dure normale, sur le fond. MĂȘme si ça ne constitue pas un jugement dĂ©finitif, la dĂ©cision peut ĂȘtre exĂ©cutĂ©e immĂ©diatement. Il est possible de se dĂ©fendre au nom du principe du contradictoire. 
 
Le rĂ©fĂ©rĂ©, c'est une procĂ©dure ou tu saisis en urgence un juge (ca peut ĂȘtre le JCP, le juge administratif...). Par exemple, le proprio, quand il saisit le JCP pour t'expulser, c'est un rĂ©fĂ©rĂ©. Quand on saisi le juge administratif en urgence contre un 38 DALO, c'est aussi un rĂ©fĂ©rĂ©. Attention, pour saisir un juge en rĂ©fĂ©rĂ© il faut que la situation soit urgente et/ou qu'il y ait un risque manifeste d'illĂ©galitĂ©. 

Référé liberté :
Disposition qui permet de saisir la juge des référés du tribunal administratif, pour attaquer une decision administrative qui serait une atteinte à une liberté fondamentale. Au vu de l'urgence, une réponse est apportée dans les 48 heures. Par exemple : le droit à des conditions matérielles d'accueil décentes ou le droit à l'hébergement d'urgence.

Tribunal Administratif (TA) :
Concerne les bĂątiments Ă  usage public et/ou les recours contre les expulsions Ă  l'aide de l'article 38 DALO (expulsion avec arrĂȘtĂ© 24h ou 7 jours) et/ou les recours contre l'octroi du concours de la force publique.


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