CA - Toulouse - 30 avril 2024


Date de la décision : 30/04/2024
Juridiction : Cour d'Appel de Toulouse
Numéro RG : 23/02506
CatĂ©gorie : ProcĂ©dures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriĂ©taire est une personne physique (particulier) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > TrĂȘve hivernale
Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne physique (particulier) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Voie de fait
Mots clĂ©s : Cour d'appel dĂ©gradation dĂ©gradations dĂ©lai enfant enfants habitation physique privĂ© trĂȘve hivernale voie de fait


Procédure : Appel de la décision de premiÚre instance
N° RG : 23/02506
Demandeur / défendeur : Demandeur
Date d'ouverture : mai 2023
Date de l'ordonnance de premiĂšre instance : 6 juillet 2023
Pourvoi de la décision : Non
Propriétaire : Privé (particulier qui avait signé une promesse de vente à un promoteur)
Composition des habitant-es : 1 famille de 7 personnes dont 3 enfants mineurs
 
RĂ©sumĂ© de la dĂ©cision : La Cour d'appel revient sur la suppression des dĂ©lais prĂ©vus au 412-1 (2 mois aprĂšs le commandement de quitter les lieux) et 412-6 (trĂȘve hivernale) car la voie de fait n'est pas imputable aux habitants.
Le raisonnement est le suivant : la voie de fait est reconnue (forçage de la serrure). L'huissier affirme qu'un-e des habitant-es reconnait ĂȘtre entrĂ©e par voie de fait. Sauf que ce n'est pas Ă  l'huissier de qualifier ces actes comme Ă©tant une voie de fait, mais au magistrat lors du jugement. De plus, l'habitant-e en question ne prĂ©cise pas avoir lui mĂȘme forcĂ© la serrure ni ĂȘtre entrĂ©e le mĂȘme jour que le dĂ©clenchement de l'alarme. De sorte que la juge n'impute pas la voie de fait aux habitant-es et accorde donc les dĂ©lais prĂ©-citĂ©s. Magique !
 
"L’existence d’une voie de fait ne rĂ©sulte pas de la simple occupation sans droit ni titre des locaux et suppose des actes matĂ©riels positifs de la part des occupants (violences ou effraction) dont la preuve doit ĂȘtre apportĂ©e par celui qui sollicite l’expulsion.

 En l’espĂšce, l’existence de voie de fait n’est pas contestable en ce que le procĂšs-verbal de constat Ă©tabli le 9 mai 2023 relĂšve « le cache de la serrure prĂ©sente des pincements sur chaque cĂŽtĂ©, caractĂ©ristiques de forçage ; le canon apparaĂźt rĂ©cent », ce qui confirme la dĂ©claration de M. Reymond lors de son dĂ©pĂŽt de plainte le 3 mai prĂ©cĂ©dent dans lequel il indiquait avoir constatĂ© que la serrure de la porte d’entrĂ©e avait Ă©tĂ© forcĂ©e que le barillet avait Ă©tĂ© changĂ©.
Il convient de rechercher si ces faits sont imputables aux consorts X. Le procĂšs-verbal relate que lorsqu’il s’est prĂ©sentĂ© l’huissier a Ă©tĂ© reçu par
 un homme qu’il a reconnu comme Ă©tant M. X qui avait fait l’objet d’une prĂ©cĂ©dente procĂ©dure d’expulsion selon procĂšs-verbal du 19 avril 2023. Il
 est prĂ©cisĂ© que ce dernier a reconnu l’huissier et lui a confirmĂ© son identitĂ© le procĂšs-verbal prĂ©cisant « il reconnaĂźt ĂȘtre entrĂ©e dans les
 lieux par voie de fait ». La suite des propos tenus par M. X est mise entre guillemets.

 Il convient d’en conclure que ou bien M. X a lui-mĂȘme utilisĂ© l’expression « voie de fait », sans qu’il soit prĂ©cisĂ© quels actes il a analysĂ© comme la caractĂ©risant ou bien qu’il a dĂ©crit la maniĂšre dont il Ă©tait entrĂ© dans les lieux, description elle-mĂȘme synthĂ©tisĂ©e par l’huissier comme constituant une voie de fait.

 En tout Ă©tat de cause, cette analyse ne pouvait ĂȘtre faite que par le magistrat saisi auquel il appartenait de donner cette qualification juridique Ă  des faits matĂ©riels prĂ©cisĂ©ment relatĂ©s. Or, en l’espĂšce, M. n’a pas spĂ©cialement indiquĂ© avoir forcĂ© la serrure, ni mĂȘme ĂȘtre entrĂ© dans les lieux le 29 avril 2023, jour du dĂ©clenchement de l’alarme de la maison.

 En consĂ©quence, les voies de fait caractĂ©risĂ©es par les constatations de
 l’huissier ne peuvent ĂȘtre avec certitude attribuĂ©es aux consorts X (...)"
 
Commandement de quitter les lieux :
Suite Ă  ton procĂšs, le juge a Ă©tabli une date Ă  partir de laquelle tu deviens expulsable (« une date d’expulsabilitĂ© »). A la suite de cette dĂ©cision, tu devrais recevoir un commandement de quitter les lieux, qui donne gĂ©nĂ©ralement un dĂ©lai de 2 mois pendant lesquels tu ne peux pas ĂȘtre expulsĂ©.e. Parfois, ce document arrive dans la semaine qui suit la dĂ©cision du juge, parfois plus tardivement.

Comme l'assignation, l’huissier.e passe au squat pour remettre le document en main propre, si tu es abent.e, tu devras aller chercher ce document directement Ă  son Ă©tude.

-A NE PAS CONFONDRE AVEC LA SOMMATION DE QUITTER LES LIEUX- : le commandement est une information sérieuse, contrairement à la sommation


Dégradations :
Le fait de dĂ©tĂ©riorer de façon volontaire ou non un bien. La peine encourue augmente si le bien est protĂ©gĂ© (classĂ© au patrimoine par exemple). 

Entrée par voie de fait :
L'entrĂ©e par voie de fait est le fait d'entrer dans un bĂątiment de façon illĂ©gale. Hormis si la porte Ă©tait ouverte, quasiment toute autre façon d'entrer peut tomber sous le coup de cette appellation. Lors d'un jugement pour squat, la preuve de la voie de fait est Ă  apporter par le propriĂ©taire. 

PremiĂšre instance :
Quand tu vas passer en procÚs, il y a plusieurs étapes.
Lorsqu'il n'y a pas eu encore de dĂ©cision de justice, on parle de premiĂšre instance, c'est le premier procĂšs. C'est lui qui va produire la premiĂšre dĂ©cision de justice. Les audiences peuvent ĂȘtre renvoyĂ©es plusieurs fois (pour ça on trouve des pretextes comme ne pas avoir eu sa rĂ©ponse de demande d’AJ, ou prĂ©senter de nouveaux noms sur la procĂ©dure...), c'est d'ailleurs une stratĂ©gie qui permet parfois de gagner du temps. La premiĂšre instance s'arrĂȘte aprĂšs le dĂ©libĂ©rĂ©, et une fois que une dĂ©cision de justice est rendue. 

Voie de fait :
En droit civil et en droit administratif, la “voie de fait” dĂ©signe un acte illĂ©gal portant atteinte aux droits de la personne ou aux libertĂ©s fondamentales. Dans notre cas, il s'agit de porter atteinte au droit de propriĂ©tĂ© qui a Ă©tĂ© revalorisĂ© par la loi Kasbarian. 
 
Si tu es occupant.e, tu peux ĂȘtre accusĂ©.e par dĂ©faut des dĂ©gradations qui ont permi de rentrer dans le batiment (c’est l’entrĂ©e par voie de fait) mĂȘme si rien ne prouve que c'est toi qui les a commises : effraction, vitre cassĂ©e, changement de serrure...

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