CA - Toulouse – 28 octobre 2021


Date de la décision : 28/10/2021
Juridiction : Cour d'Appel de Toulouse
Numéro RG : 20/03760
Catégorie : Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Délais supplémentaires - "Renouvelables"
Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Voie de fait
Mots clés : Cour d'appel DAHO délai délais de grùce habitation imputabilité morale public publique relogement voie de fait


Procédure : appel d'une ordonnance d'expulsion

Demandeur / Défendeur : défendeurs
Composition des habitant-es : plusieurs familles
PropriĂ©taire : l’Administrateur gĂ©nĂ©ral des finances publiques (public)

Ouverture du lieu : janvier 2020
Assignation devant le tribunal judiciaire : 5 février 2020
Ordonnance du tribunal judiciaire : 23 juin 2020 (incompétence du tribunal judiciaire, renvoie vers le JCP)
Décision en premiÚre instance : 7 décembre 2020

Appel de la décision par le propriétaire : 22 décembre 2020
Audience Ă  la Cour d'Appel : 21 septembre 2021
ArrĂȘt de la Cour d’Appel : 28 octobre 2021


Résumé de la décision :
Le juge des contentieux et de la protection (JCP) avait accordĂ© le dĂ©lais lĂ©gal de 2 mois aprĂšs le commandement de quitter les lieux (art L412-1), la trĂȘve hivernale (art L412-6), et surtout 12 mois de dĂ©lais renouvelable tant que l’État n’a pas relogĂ© les habitantes (!!!). Le propriĂ©taire a donc fait appel.

Pour supprimer le dĂ©lais de 2 mois et la trĂȘve hivernale, le propriĂ©taire prĂ©tend que les occupantes sont entrĂ©es dans les lieux par une voie de fait. La juge le rejette, car la voie de fait ne peut ĂȘtre imputable aux personnes qui y vivent actuellement :

« Dans ces conditions, si le changement de serrure constitue bien une dĂ©gradation, eu Ă©gard au dĂ©lai de plus d’un mois entre la libĂ©ration des lieux par l’administration et leur occupation par les intimĂ©s, la preuve de l’imputation de cette dĂ©gradation aux intimĂ©s n’est pas rapportĂ©e avec l’évidence requise devant le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s et ce, alors que l’huissier a constatĂ© la prĂ©sence de panneaux revendiquant une loi de rĂ©quisition des logements vides, ce qui dĂ©montre qu’ils ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une aide extĂ©rieure pour occuper les lieux. »

Pour le dĂ©lais de 12 mois renouvelables (art L412-2 et 3). La situation des familles justifie que « leur relogement ne peut avoir lieu dans des conditions normales » (permet d’accorder des dĂ©lais d’aprĂšs l’article L412-3) : cinq personnes sont reconnues prioritaires DAHO sans que des solutions leur ait Ă©tĂ© proposĂ©es, et toutes sont des situations de grande prĂ©caritĂ©.

« Il convient donc en application de l’article L 412-4 du code des procĂ©dures civiles d'exĂ©cution, au terme d’une mise en balance des intĂ©rĂȘts respectifs des parties, de constater que les occupants justifient de leurs efforts pour obtenir un relogement au travers de leurs dĂ©marches pour voir reconnaĂźtre leur droit Ă  un logement dĂ©cent, et que leur bonne foi n’est pas utilement contestĂ©e ; leur relogement ne peut donc avoir lieu dans des conditions normales. »

La juge confirme partiellement l’ordonnance du JCP : les dĂ©lais supplĂ©mentaires sont rĂ©duits Ă  8 mois (la fin de l’annĂ©e scolaire en cours) car il n'est pas possible pour un juge d'accordĂ© des dĂ©lais renouvelables sans terme.

Cour d'Appel (CA) :
La cour d’appel est une juridiction qui permet de demander Ă  ce qu’une affaire soit rejugĂ©e. Tu peux faire appel si toi, ou la personne contre qui tu Ă©tais en procĂšs, vous n’ĂȘtes pas d’accord avec la dĂ©cision de la juge de premiĂšre instance. La cour rend un « arrĂȘt », qui peut confirmer ou non la premiĂšre dĂ©cision, ou n’en confirmer qu’une partie, c’est qu’elle appelle “rĂ©former”  . AprĂšs un arrĂȘt de la cour d’appel, il reste une Ă©tape si on est toujours en dĂ©saccord (et qu’on peut payer) la cour de cassation. 
La cour d’appel n’est pas compĂ©tente pour les affaires administratives, pour cela il faut passer par la cour adminsitrative d’appel. Elle statue uniquement sur les affaires pĂ©nales et civiles. 
Il y a actuellement trente-six cours d'appel en France.

DAHO :
Droit Ă  l'HĂ©bergement Opposable Identique permet de donner un caractĂšre d'urgence Ă  la demande de hĂ©bergement social.  Les personnes sans papier ne sont pas Ă©ligibles au logement social, qui est conditionnĂ© Ă  la rĂ©gularitĂ© de sĂ©jour. Elles peuvent cependant, quelque soit leur situation, faire une demande pour une place stable en hĂ©bergement social. 

Délai de grùce :
Un dĂ©lai de grĂące est une pĂ©riode dĂ©finie donnĂ©e par une juge afin d'accorder plus de temps Ă  l'occupant du logement en vue de le libĂ©rer intĂ©gralement. Il est dĂ©terminĂ© par l'article 412-3 du Code de procĂ©dure civile. 
Ce dĂ©lai fait suite Ă  la remise du commandement Ă  quitter les lieux. Dans un dĂ©lai de deux mois, on peut saisir le juge par voie de requĂȘte ou d'assignation pour demander un dĂ©lai supplĂ©mentaire, de 1 mois Ă  1 ans. 
A noter :  la saisine du juge ne suspend pas la procĂ©dure d’expulsion.

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