CA - Amiens - 09 mai 2014


Date de la décision : 09/05/2014
Juridiction : Cour d'Appel d'Amiens
Numéro RG : 13/00391
CatĂ©gorie : ProcĂ©dures d'expulsion > Logement avec loyer / transaction (bail, "faux bail"...) > Le propriĂ©taire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > ProcĂ©dures particuliĂšres > Dommages et intĂ©rĂȘts en faveur de l'occupant-e
Procédures d'expulsion > Logement avec loyer / transaction (bail, "faux bail"...) > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridiction > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA
Mots clés : AJ bail Cour d'appel délai dette dettes expulsion force publique indemnite indemnités JEX location


ProcĂ©dure : demande d’indemnisation pour perte de chance de dĂ©cision favorable devant la Cour d’Appel (CA). ProcĂ©dure au fond.


Composition des habitants : une personne seule
Demandeur/défendeur : défendeur
PropriĂ©taire : Office public d’amĂ©nagement et de construction de l’Oise / OPAC (public)


Date d’arrĂȘt de payement du loyer : vers fĂ©vrier 2010

Audience devant le Tribunal d’Instance : 24 novembre 2010

Homologation d’un accord devant le JEX (juge de l’exĂ©cution) : 24 mars 2011

Délivrance du commandement de quitter les lieux : 9 janvier 2012

Saisie du JEX : 22 février 2012

Nombre de renvois : 2

Audience devant le JEX : 14 juin 2012, renvoyée au 13 septembre 2012

Date de l’expulsion : 27 juillet 2012

Rendu de la décision du JEX : 10 janvier 2013

Appel du JEX par le propriétaire : 25 janvier 2013

Date de l’audience devant la Cour d'Appel : 14 fĂ©vrier 2014 (aprĂšs un renvoi)


Résumé de la décision :
   L’habitante vit dans son appartement depuis 1994.
   Le 18 mai 2010, l’OPAC (propriĂ©taire) dĂ©livre un commandement de payer les loyers impayĂ©s, sous peine de rompre le contrat de bail.
   Le 24 novembre, le juge du Tribunal d’Instance (ancien Tribunal Judiciaire) de Senlis condamne l’habitante Ă  payer sa dette locative en 23 mensualitĂ©s, en plus de son loyer. En l’absence de ces mensualitĂ©s, elle est condamnĂ©e Ă  ĂȘtre expulsĂ©e 2 mois aprĂšs la signification du commandement de quitter les lieux.
   Le 24 mars 2011, le Juge de l’ExĂ©cution (JEX) de Senlis homologue un accord entre l’habitante et l’OPAC : l’habitante reste dans son appartement tant qu’elle paye son loyer + des mensualitĂ©s jusqu’à l’épuisement de sa dette.


   Le 9 janvier 2012, l’OPAC dĂ©livre un commandement de quitter les lieux (d’aprĂšs la dĂ©cision du 24 novembre 2010). L’habitante saisit le JEX le 22 fĂ©vrier. A l’audience du 14 juin, le JEX renvoi au 13 septembre 2012. Pourtant, l’habitante est expulsĂ©e de son logement le 27 juillet. Le JEX rend sa dĂ©cision le 10 janvier 2013 en condamnant l’OPAC Ă  verser des dommages et intĂ©rĂȘts (5000 euros). L’OPAC fait appel de cette dĂ©cision le 25 janvier 2013. AprĂšs un renvoi, l’appel est audiencĂ© le 14 fĂ©vrier 2014.


   La Cour d’Appel confirme la condamnation de l’OPAC aux dommages et intĂ©rĂȘts.
   La Cour confirme le bien fondĂ© des renvois de l’affaire par le JEX : Ă  chaque fois, l’habitante n’avait pas eu le temps de prĂ©parer sa dĂ©fense (attribution tardive de l’aide juridictionnelle, ...). Alors que l’OPAC ne s’est mĂȘme pas opposĂ© au renvoi de l’audience du 14 juin, il fait la demande quelques jours plus tard d’un accord du concours de la force publique pour procĂ©der Ă  l’expulsion. Ainsi, l’OPAC a privĂ© l’habitante de la possibilitĂ© d’obtenir des dĂ©lais supplĂ©mentaires Ă  l’audience du 13 septembre. Il l’a Ă©galement confrontĂ© Ă  une situation d’urgence, puisqu’elle ne s’attendait pas du tout Ă  une expulsion, et qu’elle n’a donc pas trouvĂ© d’autre solution d’hĂ©bergement que de se loger dans un camping.


La CA confirme la dĂ©cision du premier JEX de condamner le propriĂ©taire Ă  verser 5000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts !


« En procĂ©dant Ă  l’expulsion de Mme Y alors qu’il avait tu son intention de poursuivre la procĂ©dure d’expulsion avant la date du 13 septembre 2012 et ne s’était pas mĂȘme opposĂ© au renvoi de l’examen de l’affaire ordonnĂ© le 14 juin 2012, l’OPAC de l’Oise a privĂ© Mme Y de la possibilitĂ© d’obtenir du juge de l’exĂ©cution un dĂ©lai pour quitter les lieux, Ă©tant observĂ© que l’obtention d’une dĂ©cision favorable n’était pas exclue, contrairement Ă  ce qu’affirme l’appelant, au regard des critĂšres des articles L. 412-3 et L. 412-4 du code des procĂ©dures civiles d’exĂ©cution, Ă©tant observĂ© que la dĂ©monstration de dĂ©marches en vue d’un relogement ne constitue qu’un des critĂšres d’apprĂ©ciation du juge et non un prĂ©alable indispensable Ă  l’octroi d’un dĂ©lai, [
]. »

« La perte de chance d’une dĂ©cision favorable Ă  Mme Y de la part du juge saisi de sa demande de dĂ©lai et la brutalitĂ© de son Ă©viction, imputables Ă  l’OPAC de l’Oise, justifient la confirmation du jugement en ce qu’il a condamnĂ© ce dernier Ă  indemniser les prĂ©judices causĂ©s Ă  Mme Y par son comportement fautif, en application de l’article 1382 du code civil. »
Commandement de quitter les lieux :
Suite Ă  ton procĂšs, le juge a Ă©tabli une date Ă  partir de laquelle tu deviens expulsable (« une date d’expulsabilitĂ© »). A la suite de cette dĂ©cision, tu devrais recevoir un commandement de quitter les lieux, qui donne gĂ©nĂ©ralement un dĂ©lai de 2 mois pendant lesquels tu ne peux pas ĂȘtre expulsĂ©.e. Parfois, ce document arrive dans la semaine qui suit la dĂ©cision du juge, parfois plus tardivement.

Comme l'assignation, l’huissier.e passe au squat pour remettre le document en main propre, si tu es abent.e, tu devras aller chercher ce document directement Ă  son Ă©tude.

-A NE PAS CONFONDRE AVEC LA SOMMATION DE QUITTER LES LIEUX- : le commandement est une information sérieuse, contrairement à la sommation


Cour d'Appel (CA) :
La cour d’appel est une juridiction qui permet de demander Ă  ce qu’une affaire soit rejugĂ©e. Tu peux faire appel si toi, ou la personne contre qui tu Ă©tais en procĂšs, vous n’ĂȘtes pas d’accord avec la dĂ©cision de la juge de premiĂšre instance. La cour rend un « arrĂȘt », qui peut confirmer ou non la premiĂšre dĂ©cision, ou n’en confirmer qu’une partie, c’est qu’elle appelle “rĂ©former”  . AprĂšs un arrĂȘt de la cour d’appel, il reste une Ă©tape si on est toujours en dĂ©saccord (et qu’on peut payer) la cour de cassation. 
La cour d’appel n’est pas compĂ©tente pour les affaires administratives, pour cela il faut passer par la cour adminsitrative d’appel. Elle statue uniquement sur les affaires pĂ©nales et civiles. 
Il y a actuellement trente-six cours d'appel en France.

Juge de l'exécution (JEX) :
Le JEX est un juge spĂ©cialisĂ© du tribunal judiciaire. Il juge gĂ©nĂ©ralement seul mais ca peut arriver qu’il y a plusieurs juges qui se reunissent pour dĂ©cider de ta demande. 


Tu peux saisir le JEX pour plusieurs choses :

  • demander des dĂ©lais supplĂ©mentaires aprĂšs voir reçu un commandement de quitter les lieux

  • demander la rĂ©intĂ©gration des lieux 

  • demander des indemnisations suites Ă  une expulsion illĂ©gale

  • contester ou amĂ©nager une amende

Il est seulement compĂ©tent en matiĂšre civile donc pas en administratif et en pĂ©nal. 

Tu n’es pas obligĂ© d’avoir une avocate pour saisir le JEX.

Si tu n’es pas contente de sa dĂ©cision tu peux faire appel mais l’appel ne sera pas suspensif et tu auras besoin d'une avocate. 

Pour plus de dĂ©tails sur la procĂ©dure de demande de dĂ©lais complĂ©mentaires, hĂ©site pas aller voir le “Tuto toto JEX” dans les tutos.


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