TA - Toulouse - 19 juillet 2024 - N°2404312


Date de la décision : 19/07/2024
Juridiction : Tribunal Administratif de Toulouse
Numéro RG : 2404312
CatĂ©gorie : ProcĂ©dure d'expulsion par arretĂ© prĂ©fectoral (art-38 loi dalo) > Le propriĂ©taire est une personne physique (particulier) > ArrĂȘtĂ© expulsion 24h
Mots clĂ©s : 24 heures 38 DALO arrĂȘtĂ© art 38 article 38 enfant enfants habitation physique prĂ©fecture rĂ©fĂ©rĂ© suspension Tribunal administratif


ProcĂ©dure : RĂ©fĂ©rĂ© suspension contre un arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral art-38 DALO / 24h

Demandeur / Défendeur : Demandeur

Date d’ouverture du lieu : Fin juin 2024

Date de l'arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral : 15 juillet 2024

Audience au Tribunal Administratif : 18 juillet 2024

Propriétaire : Privée

Contexte de l’ouverture : Une famille avec plusieurs enfants


RĂ©sumĂ© de la dĂ©cision : Suspension de l'arrĂȘtĂ© d'expulsion 24h. 

Le juge des référés du tribunal administratif de toulouse retient les deux conditions, ici réunies.

L'urgence :

"Mme X soutient, sans ĂȘtre contredite par le prĂ©fet de la Haute-Garonne, qui n’a pas prĂ©sentĂ© d’observations et ne s’est pas fait reprĂ©senter Ă  l’audience, qu’elle va ĂȘtre contrainte de vivre dans la rue avec ses quatre enfants mineurs, ne disposant d’aucune ressource et n’ayant en termes de logement aucune alternative aux locaux qu’elle occupe actuellement en dĂ©pit de ses nombreux appels au numĂ©ro d’appel du 115, et qu’elle craint ainsi pour leur intĂ©gritĂ© physique.
Dans ces conditions, eu Ă©gard Ă  la situation de prĂ©caritĂ© dans laquelle se trouvent les intĂ©ressĂ©s, la condition d’urgence exigĂ©e par l’article L. 521-2 du code de justice administrative doit ĂȘtre regardĂ©e comme remplie."


L'atteinte à une liberté fondamentale :

En premier lieu, la maison en question ne constitue pas un domicile du propriĂ©taire (non meublĂ©, pas d'alimentations en gaz et en Ă©lectricitĂ©, projet de dĂ©molition du batiment) et donc ne peut faire l'objet d'un arrĂȘtĂ© 24h.

En second lieu, la prĂ©fecture de Toulouse n'a pas pris en compte la situation personelle ou familliale des occupant-es conforfĂ©ment Ă  la dĂ©cision du Conseil Constitutionnel qui a modifiĂ© l'art 38 DALO concernant les arráșżtĂ©s 24h.

"(...), il ne rĂ©sulte pas de l’instruction que le prĂ©fet de la Haute-Garonne dont l’arrĂȘtĂ© ne fait pas mention des enfants de la requĂ©rante et ne comporte aucun Ă©lĂ©ment relatif Ă  sa situation personnelle, aurait pris en compte la situation personnelle et familiale de Mme X mĂšre de quatre enfants mineurs, avant de prononcer la mise en demeure en litige alors que cette famille, qui ne dispose d’aucune solution d’hĂ©bergement, se trouve dans une situation de grande vulnĂ©rabilitĂ©.
Il rĂ©sulte de tout ce qui prĂ©cĂšde que le prĂ©fet de la Haute-Garonne, en mettant en demeure Mme X de quitter le logement qu’elle occupe dans un dĂ©lai de vingt-quatre heures, a portĂ© une atteinte grave et manifestement illĂ©gale au droit de l’intĂ©ressĂ©e au respect de sa vie privĂ©e et familiale comme Ă  l’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de ses enfants."


38 DALO (article) :
L’article 38 DALO permet de solliciter le PrĂ©fet afin de procĂ©der Ă  une expulsion administrative (sans juge) des lieux squattĂ©s constituant un domicile ou un local Ă  usage d’habitation.
Si elle fait l’économie de la procĂ©dure juridique classique, cette procĂ©dure
n’autorise pas pour autant la police Ă  venir dĂ©loger les occupantes sans prĂ©venir.
 
Il y a deux applications de l’article 38 DALO : 
  • Le DALO 24h
qui s’applique en cas de squat de domicile. Le propriĂ©taire est capable de prouver qu’il s’agit de sa rĂ©sidence (principale, secondaire ou occasionnelle) ou que le logement est meublĂ©. Il y a alors 24h minimum avant l’expulsion et le recours est non suspensif (ça veut dire que ça n’interrompt pas la procĂ©dure en cours, tu peux toujours te faire expulseer pendant que tu essaies de faire annuler la dĂ©cision). 
 
  • Le DALO 7 jours
Qui s’applique en cas de squat d’un local Ă  usage d’habitation (lorsque le propriĂ©taire ne peut pas prouver qu’il s’agit d’un domicile). Il y a 7 jours minimum avant expulsion et le recours est suspensif
 
Normalement, le prĂ©fet doit prendre en considĂ©ration la situation des personnes. Une mise en demeure de quitter les lieux est dĂ©livrĂ©e. 
Dans cette situation, on peut tenter un référé suspension auprÚs du Tribunal Administratif (cf le tuto "Survivre à un DALO 7 jours. Un guide en 6 étapes")

Préfet :
Il existe plusieurs prĂ©fets, de RĂ©gion ou de DĂ©partement. Ce sont des hauts fonctionnaires, dĂ©signĂ© par dĂ©cret par le PrĂ©sident de la RĂ©publique. Ils reprĂ©sentent l’Etat Ă  l’echelle locale, chargĂ© de faire appliquer les lois. Il est le chef de la police et de la gendarmerie sur son territoire. 
Il a le pouvoir de faire des requisitions, mais prĂ©fĂšre bien souvent celui de faire des expulsions. 
 
C’est lui qui est sollicitĂ© par les propriĂ©taires lorsqu’ils souhaitent activer le 38DALO. Il a alors 48h pour rĂ©pondre. Sa dĂ©cision, favorable ou non doit ĂȘtre motivĂ©e. 
 Il tranche plus largement sur les dĂ©marches administratives (il distribu les titres de sĂ©jours et dĂ©livres des OQTF...). 

Référé suspension :
Le RĂ©fĂ©rĂ© suspension est une demande au juge des rĂ©fĂ©rĂ©s du tribunal administratif de suspendre l'exĂ©cution des effets d'un acte administratif (par exemple une decision de justice de ce mĂȘme tribunal), partiellement ou en totalitĂ©.  Ce rĂ©fĂ©rĂ© a lieu avant que ne soit statuĂ© "au fond" sur la lĂ©galitĂ© de cet acte. La personne doit justifier de l'urgence de sa demande. 

Tribunal Administratif (TA) :
Concerne les bĂątiments Ă  usage public et/ou les recours contre les expulsions Ă  l'aide de l'article 38 DALO (expulsion avec arrĂȘtĂ© 24h ou 7 jours) et/ou les recours contre l'octroi du concours de la force publique.


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