CA - Toulouse – 02 mars 2022 - "Desbals 1"


Date de la décision : 02/03/2022
Juridiction : Cour d'Appel de Toulouse
Numéro RG : 21/01607
Catégorie : Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Délais supplémentaires - "Renouvelables"
Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Indemnités d'occupation
ProcĂ©dures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriĂ©taire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > TrĂȘve hivernale
Procédures d'expulsion > Squat d'habitation > Le propriétaire est une personne morale (public, entreprise, hlm) > Juridictions > Juge des Contentieux de la Protection - JCP / Cour d'Appel - CA > Voie de fait
Mots clés : Cour d'appel délai enfant enfants habitation HLM indemnite indemnités morale voie de fait


ProcĂ©dure : Appel d’une ordonnance du TJ de Toulouse
 Demandeur / DĂ©fendeur : DĂ©fendeur
Date d’ouverture : 2020
Assignation devant le JCP : 7 et 13 octobre 2020
Ordonnance du JCP : 9 février 2021
Formulation de l'appel par le propriétaire : 8 avril 2021
Rendu de la décision de l'appel : 2 mars 2022

Propriétaire : Bailleur HLM
Personnes occupantes : 1 famille, dont 2 mineurs, 1 personne agée et malade.

RĂ©sumĂ© de la dĂ©cision : Confirme partiellement l'ordonnance : dĂ©lais lĂ©gaux du 412-1 et 412-6 + 12 mois de dĂ©lais complĂ©mentaires du 412-3 et 412-4. RĂ©forme la dĂ©cision en baissant l’indemnitĂ© d'occupation de 328€ Ă  50€/mois.
L'huissier a menti en affirmant que les personnes lui ont répondu "« Comment avez-vous trouvé ce logement? Avec un ami qui nous a dit que les lieux étaient libres. Nous avons donc forcé la porte ».

 La juge casse la dĂ©cision et dĂ©monte le constat d'huissier :

 "Les constatations effectuĂ©es par un huissier de justice bĂ©nĂ©ficient d’une force probante renforcĂ©e mais seules ses diligences ont valeur authentique et valent jusqu’à inscription de faux. En revanche les constatations font foi jusqu’à preuve contraire.
 
Or d’une part, le procĂšs verbal ne prĂ©cise pas qui de la grand-mĂšre ou de l’enfant a rĂ©pondu Ă  la question. Sachant qu’il est dĂ©montrĂ© que ce dernier est un mineur de 11 ans, son tĂ©moignage apparaĂźt suspect au vu de l’article 205 du code de procĂ©dure civile, dans la mesure oĂč son degrĂ© de discernement et de comprĂ©hension des enjeux de ses dĂ©clarations dans une procĂ©dure le concernant et sa famille, ne peuvent ĂȘtre apprĂ©ciĂ©s avec l’évidence nĂ©cessaire devant le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s. Quant Ă  Mme D. S., si l’attestation du Centre AbbĂ© Pierre ne peut ĂȘtre retenue en ce que son auteur n’est pas identifiĂ©, il ressort de l’attestation de Mme Nicole Biasutti du Secours Catholique en date du 6 janvier 2021, qu’elle ne maĂźtrise pas la langue française. Bien que cette attestation ne rĂ©ponde pas aux exigences de l’article 202 du code de procĂ©dure civile, elle vaut Ă  titre de renseignement et compte tenu de l’ñge de la dĂ©clarante (70 ans) et de sa prĂ©sence en France depuis moins de 5 ans, il est peu probable que la maĂźtrise de la langue française par Mme D. S. lui ait permis de comprendre que sa dĂ©claration valait aveu d’une voie de fait imputable.

 Et ce, alors que d’autre part, l’huissier n’a fait aucune constatation relative Ă  l’effraction ou la dĂ©gradation rĂ©alisĂ©e pour entrer dans les lieux par la force permettant de corroborer les quelques mots dĂ©clarĂ©s par une personne en grande prĂ©caritĂ© et maĂźtrisant mal la langue française. 
De sorte que la preuve de la voie de fait qui reposait essentiellement sur cet aveu se trouve anĂ©antie, en l’absence d’autres Ă©lĂ©ments probants de la rĂ©alitĂ© de l’effraction, sa concomitance avec la prise de possession des lieux et l’imputabilitĂ© aux occupants."
Cour d'Appel (CA) :
La cour d’appel est une juridiction qui permet de demander Ă  ce qu’une affaire soit rejugĂ©e. Tu peux faire appel si toi, ou la personne contre qui tu Ă©tais en procĂšs, vous n’ĂȘtes pas d’accord avec la dĂ©cision de la juge de premiĂšre instance. La cour rend un « arrĂȘt », qui peut confirmer ou non la premiĂšre dĂ©cision, ou n’en confirmer qu’une partie, c’est qu’elle appelle “rĂ©former”  . AprĂšs un arrĂȘt de la cour d’appel, il reste une Ă©tape si on est toujours en dĂ©saccord (et qu’on peut payer) la cour de cassation. 
La cour d’appel n’est pas compĂ©tente pour les affaires administratives, pour cela il faut passer par la cour adminsitrative d’appel. Elle statue uniquement sur les affaires pĂ©nales et civiles. 
Il y a actuellement trente-six cours d'appel en France.

Délai de grùce :
Un dĂ©lai de grĂące est une pĂ©riode dĂ©finie donnĂ©e par une juge afin d'accorder plus de temps Ă  l'occupant du logement en vue de le libĂ©rer intĂ©gralement. Il est dĂ©terminĂ© par l'article 412-3 du Code de procĂ©dure civile. 
Ce dĂ©lai fait suite Ă  la remise du commandement Ă  quitter les lieux. Dans un dĂ©lai de deux mois, on peut saisir le juge par voie de requĂȘte ou d'assignation pour demander un dĂ©lai supplĂ©mentaire, de 1 mois Ă  1 ans. 
A noter :  la saisine du juge ne suspend pas la procĂ©dure d’expulsion.

Tribunal Judiciaire (TJ) :
Pour les procédures civiles et pénales : concerne tous les tribunaux en premiÚre instance (premier jugement). [Il regroupe les anciens Tribunaux d'Instance et de Grande Instance].

Au sein du TJ, il existe plusieurs chambres spécialisées (différents spécialisation de tribunaux) :
  • ProcĂ©dure civile (c'est a dire lorsque le propriĂ©taire du batiment n'en fait pas un usage public) Cela comprend :
    • TRIBUNAL DE PROXIMITE / JUDICIAIRE : en tant que squatteur.euse, tu es gĂ©nĂ©ralement confrontĂ© au Juge du Contentieux et de la Protection (JCP).
    • JEX(Juge de l'exĂ©cution (juge spĂ©cialisĂ© au sein du TJ) juridiction particuliĂšre Ă  saisir aprĂšs une dĂ©cision judiciaire qui a aboutit sur un commandement de quitter les lieux. Il sert Ă  demander des dĂ©lais dans l'execution de la peine. Dans le cadre du squat c'est ce qui peut nous permettre de gagner des dĂ©lais avant l'expulsion, en fonction de la situation personnelle des habitant.es (prĂ©caritĂ©, prĂ©sence d'enfants inscrits Ă  l'Ă©cole, maladie, absence de solution de relogements...). Il ne peut pas revenir sur l'expulsion, mais seulement sur le moment de son execution.

  • ProcĂ©dure pĂ©nale
    • TRIBUNAL CORRECTIONNEL : concerne les dĂ©lits et crimes
    • TRIBUNAL DE POLICE (pour les procĂ©dures pĂ©nales) : concerne les contraventions jusqu'Ă  3000 euros (dĂ©gradation d'un bien par exemple).

Voie de fait :
En droit civil et en droit administratif, la “voie de fait” dĂ©signe un acte illĂ©gal portant atteinte aux droits de la personne ou aux libertĂ©s fondamentales. Dans notre cas, il s'agit de porter atteinte au droit de propriĂ©tĂ© qui a Ă©tĂ© revalorisĂ© par la loi Kasbarian. 
 
Si tu es occupant.e, tu peux ĂȘtre accusĂ©.e par dĂ©faut des dĂ©gradations qui ont permi de rentrer dans le batiment (c’est l’entrĂ©e par voie de fait) mĂȘme si rien ne prouve que c'est toi qui les a commises : effraction, vitre cassĂ©e, changement de serrure...

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